COG, le robot humanoïde
Démarré en 1993, le projet Cog (pour Cognition) est des plus ambitieux. Il
s'agit, ni plus ni moins, que de donner à un robot humanoïde la capacité de se
représenter son monde par lui-même, sans être gavé de symboles mathématiques
abstraits : en d'autres termes, créer une machine capable d'apprendre et
d'évoluer à partir des informations présentes dans son environnement, et de
s'autoprogrammer par le biais de ses interactions avec les humain. Pour
le chercheur, "c'est de cette rencontre avec la vraie vie que naîtra
l'intelligence au cœur de la machine"...
Si Cog ne peut marcher (c'est un "robot-tronc"), il est pourvu de fonctions
d'une grande complexité, reproduisant une bonne partie des comportements
humains. Doté de 21 degrés de liberté, d'une tête, d'un buste et de deux bras
articulés terminés par des mains, il possède les principaux sens humains : vue,
toucher, audition... (en fait, il n'est aujourd'hui qu'une somme de systèmes
isolés, contrôlés par ordinateur).
Chacune des fonctions implémentées s'attache à reproduire avec le maximum de
fidélité les fonctions humaines. Par exemple, chaque oeil est constitué de deux
caméras (l'une pour la vision périphérique, l'autre pour la vision proche en
haute résolution ), pouvant s'orienter selon deux axes, horizontal et vertical.
L'ensemble de ces caméras, placées dans leurs "orbites" bougent ensemble, comme
le feraient des yeux humains.
Ce que voit Cog, lorsqu'il regarde un humain
De la même façon, Cog possède un dispositif d'équilibrage sophistiqué,
calculant à tout moment l'orientation des bras ou de la tête, mesurant les
vitesses de déplacement et de rotation, et corrigeant l'ensemble des postures en
assurant la souplesse et le "naturel" des mouvements. Il est également doté d'un
système d'audition lui donnant assez d'informations pour savoir d'où viennent
les sons qu'il entend. Au total, ce robot est un concentré de technologie,
incluant de multiples capteurs, analyseurs et moteurs (6 moteurs pour chaque
bras, par exemple). Cog peut repérer les visages, savoir si quelqu'un le
regarde, détecter les mouvements autour de lui, copier les gestes simples comme
par exemple incliner la tête.
Pour Rodney Brooks, Cog présente déjà les signes d'une intelligence primitive
: il est aujourd'hui capable de reconnaître ses interlocuteurs et de modifier
son comportement en fonction de leurs attitudes (il sait reconnaître un visage
sur la base d'une sélection des traits qui est copiée sur ce qui se passe dans
notre cerveau.), de l'ouïe et du toucher, Cog repère les gens qui l'approchent
et les suit des yeux). "C'est grâce à la coopération entre ses différents
modules (vue, audition, toucher...) que Cog peut véritablement apprendre",
déclare le chercheur. "Le cerveau est organisé ainsi en un système distribué,
avec plein de petits modules qui ont évolué séparément et s'ignorent entre eux.
Ils envoient des messages aux muscles par le cervelet qui sont suivis d'effets,
sauf si un autre centre cérébral est intervenu" (...). Cog ne sait bouger le
bras que vers ce qu'il a vu. Ensuite il voit qu'il s'est trompé : il apprend
qu'il doit bouger son bras différemment. Peu à peu, il parvient à mieux saisir
la chose qu'il a vue. Les bébés mettent des mois à faire cela. Cog fait presque
aussi bien en quelques heures", explique Rodney Brooks.
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